Dimitri marchait, très calme à présent, le long du canal endormi. Quelques heures le séparaient du jour que, peut-être, il ne verrait pas naître. Il lui semblait que chacun de ses pas, légers pourtant, marquait le pavé d’un vestige mélancolique, laissé là pour celle qui voudrait le retrouver. Elle viendrait le chercher, courageuse Eurydice achevant la geste échouée d’Orphée.
Étiquette : Théodora
Dimitri, ou la science des ombres (10)
Il se colla contre le tableau, dans le geste d’un homme qui désire ardemment disparaître. Il s’imprégna de l’incroyable pureté qui, par son regard, par sa chair frémissante, y advenait, cette pureté d’une complexité redoutable qui rendait l’acte de peindre à son énigme la plus manifeste – une sensualité métaphysique qui écrasait le spectateur de sa force aérienne et le révélait à lui-même.
Dimitri, ou la science des ombres (9)
Dimitri avait quitté son appartement comme un homme en fuite, un homme préparé à l’exil, avec pour unique bagage deux écritures, glissées au fond de sa poche, l’une contre l’autre, de deux étrangères, qui deviendraient peut-être les nouvelles cariatides de l’œuvre en attente et dont sa dernière pièce n’était qu’un brouillon prémonitoire.